Des modifications territoriales et frontalières, des Empires multiethniques qui se désintègrent, de nouveaux Etats qui naissent, tout ceci a contribué en Europe et au Proche Orient à de nouvelles injustices et fractures, avec leurs chocs en retour qui se font sentir jusqu’à nos jours, selon l’expression de la CEPE. Les traités de paix conclus il y a cent ans n’ont pas su créer une paix durable. Le document aborde les questions de la culpabilité, de la réconciliation, des réfugiés, de la migration, des minorités, de la démocratie et de la société civile. Les Églises ont conscience que « la situation politique mondiale est aujourd’hui très différente de celle d’il y a cent ans ». En faisant le bilan de la Première Guerre mondiale elles identifient cependant des questions et défis « qui revenaient régulièrement au cours des cent années passées, sans qu’on puisse affirmer qu’on leur ait trouvé une solution définitive ». Dans certains pays, les conséquences de la guerre se font sentir de façon subliminale et indirecte jusqu’à nos jours, affirme le document. A propos de la question de la culpabilité, le document se demande de manière autocritique, quand et où les Églises ont considéré l’enthousiasme va-t-en-guerre sans esprit critique, voire qu’elles auraient contribué à attiser un tel enthousiasme. Ou si elles avaient été à ce point prisonnières de l’esprit du temps qu’elles aient pu légitimer un système politique sur le plan idéologique et théologique. La question des droits des minorités serait jusqu’à nos jours à l’ordre du jour, notamment dans les pays d’Europe centrale, du Sud et de l’Est. Dans ces
pays, c’est souvent aux Églises de la diaspora qu’incombe la tâche de préserver non seulement l’identité confessionnelle mais aussi culturelle de leurs membres.

La question des réfugiés et des migrants causés par les suites de la Première Guerre mondiale est vue comme un événement faisant date, tout comme « l’afflux actuel de réfugiés » en Europe – on estime en effet le nombre de personnes contraintes au rapatriement ou à l’émigration jusqu’en 1926 à environ 9,5 millions. Ce qu’il faut demander c’est « une politique commune européenne s’inspirant des valeurs consignées dans les conventions des droits humains et des réfugiés ». Celui qui veut éviter la migration, ne pourra « éluder la question suivante : dans quelle mesure notre politique européenne actuelle en matière d’économie, de commerce et d’agriculture contribue-t-elle à alimenter les mouvements migratoires depuis d’autres continents et régions vers l’Europe ? ». Les Églises sont exhortées à garder vivante l’aspiration à la paix et la réconciliation et de défendre la cause de la démocratie et de l’état de droit en en renforçant l’impact à chaque niveau de l’Etat.

Pour commémorer le centenaire du 11 novembre 1918 marquant la fin de la guerre on prie les Eglises en Europe d’en faire mémoire dans leurs prières d’intercession.